24 septembre 2008

El Desdichado


Je suis le ténébreux, - le veuf, - l’inconsolé,
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie
La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé
Et la treille où le pampre à la rose s’allie.

Suis- je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J’ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.


Gérard de Nerval, Les Chimères (1854)



"Ils ne sont guère plus obscurs que la métaphysique d’Hégel ou les Mémorables de Swedemborg, et perdraient de leur charme à être expliqués, si la chose était possible, concédez-moi du moins le mérite de l’expression ; — la dernière folie qui me restera probablement, ce sera de me croire poëte : c’est à la critique de m’en guérir. "

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire